Ils identifient les symptômes les plus manifestes de la maladie qui ronge notre époque et se livrent à une critique en règle des dérives de notre civilisation. Dans leurs vidéos particulièrement regardées, Le Raptor Dissident et Valek Noraj décortiquent les mouvements qui agitent l’actualité. Nostalgiques d’un modèle de vérité et d’autorité jeté au bûcher en mai 68, ils démolissent façon puzzle tous ceux qui depuis, ne cessent de danser sur ses cendres. Car ce que ces deux Youtubeurs semblent avoir du mal à digérer, c’est la mort du Patriarcat. Aujourd’hui, ils réclament vengeance envers tous ceux qui se réjouissent du crime. Mais pourquoi vouloir à tout prix défendre le Patriarcat ? Veulent-ils vraiment le remettre en selle ? Pourquoi prendre le parti des interdits ? Et surtout, appartiennent-ils vraiment à la « fachosphère » comme le prétendent Buzzfeed, Nadia Daam et France Info ? Sont-ils vraiment les gourous d’un dogme obscur ou, au contraire, des Youtubeurs qui jouent le rôle d’éclaireurs ? Enquête.
Le petit monde des « influenceurs » sue à grosses goûtes : des trublions viennent perturber leur hégémonie culturelle : greluches pondeuse de tutos make-up, bouffons du ricanement permanent, et autres névrosés LGBT qui vous expliquent « les bonnes raisons d’avaler » ont désormais la pétoche de tomber sous la guillotine de Valek Noraj et du Raptor Dissident.
(La vie éternelle à celui ou celle qui réussira à faire disparaître cette vidéo de Youtube).
Régulièrement taxés de « misogynes », « homophobes », « conspirationnistes » ou encore « proches de l’extrême droite » par des médias en ligne, ils continuent à tracer leur route et rallier de nouveaux disciples chaque jour sur les réseaux sociaux. Mais alors, sont-ils vraiment ce que les médias en disent ? D’abord, il convient d’identifier que l’emploi des mots « misogyne », « extrême droite » ou « homophobe » procède d’une volonté de faire peur et disqualifier d’emblée. Un coup classique : si vous n’acceptez pas le nouveau monde dans son intégralité, vous tombez irrémédiablement sur des Nadia Daam, des Buzzfeed et des France Info toujours prompts à vous (dis)qualifier de « néo-réactionnaires » appartenant à la « fachosphère ». L’objectif est simple : simplifier le débat. Ou plutôt le tuer. Dans la tête d’un pigiste de Buzzfeed, les choses sont échafaudées comme tel :
Il y a des gentils et des méchants. Les gentils sont ceux qui soutiennent tout ce que Brut, Konbini, le Huffington Post, Quotidien et Arte leur ont présenté comme un Progrès. Les méchants sont ceux qui contestent tout ce que les médias précédemment cités leur ont présentés comme un Progrès. Les gentils écoutent France Inter et lisent le Nouvel Obs. Les méchants écoutent Eric Zemmour sur RTL et lisent Valeurs Actuelles. Hélas, si les choses étaient si simples, ça se saurait.
Ce que Jules Darmanin et les siens feignent de ne pas comprendre – à moins qu’ils ne le comprennent vraiment pas ? – , c’est que, contrairement à la sexualité, le monde des idées n’est pas binaire. Il n’existe pas, d’un côté, le « progressisme », forcément gentil et de l’autre « la fachosphère », forcément méchante. Il y a, Dieu merci, des nuances intellectuelles. Ainsi, ce n’est pas parce que Valek Noraj et Le Raptor Dissident critiquent et dénoncent l’époque actuelle qu’ils sont des salauds de fachos. Par ailleurs, critiquer l’époque actuelle ne matérialise nullement un souhait de revenir à l’époque antérieure. Mais, comme évoqué plus haut, le coup est classique : pour Buzzfeed, Nadia Daam et France Info, si vous n’acceptez pas tout ce qui vous ai présenté comme un progrès, et bien, c’est que vous êtes un facho, point. Le raisonnement est aussi bas de plafond qu’un chroniqueur de Quotidien, mais il fonctionne à merveille auprès des esprits faibles. Pourtant, l’époque actuelle est pire, sinon aussi mauvaise que l’époque antérieure. Elle saccage tout sur son passage, bordélise l’identité, l’éducation, la culture, tandis que la précédente réprimandait et interdisait tout. Nous sommes donc en droit d’attendre une autre issue. Un autre avenir, dont la PMA, la GPA, les Pride Parades, Tinder, l’indifférenciation sexuelle, l’écologie punitive, la misandrie féministe, le burkini et Rokhaya Diallo ne seraient pas l’aboutissement ultime.
Si nous concevons sans peine qu’enfermer ces deux Youtubeurs dans la bulle de la « fachosphère » est bien commode, l’honnêteté intellectuelle nous oblige à reconnaître que cette homélie partagée par certains médias est mensongère. Si ces rédactions s’étaient réellement données les moyens d’être autre chose que des imposteurs, elles auraient vu que le terme qui qualifie le mieux la position de ces deux Youtubeurs est celui de Résistant. Ou plutôt de néo-Résistant. Sachant que le néo-réactionnaire est systématiquement opposé à l’ensemble des progrès de son époque, le néo-résistant est celui qui ne prend pas pour argent comptant tout ce qui lui est présenté comme un « progrès ». La différence est notable. Le néo-résistant est celui qui s’interroge, questionne, discerne le vrai du faux. Au point d’avoir appris à distinguer un progrès d’une régression.
Qu’on ne s’y trompe pas : Valek Noraj et La Raptor Dissident sont des bosseurs. Ils lisent, se forment, s’instruisent et livrent leurs idées achevées dans des démonstrations vidéo extrêmement travaillées. Il faut saluer leur acuité intellectuelle, aux antipodes des foutaises habituelles qui pullulent sur Youtube. Le poids de leur culture, de leur logique et de leur connaissance de l’Histoire écrase leurs accusateurs qui se sentent investis d’une mission inquisitoriale. Le dénouement est toujours le même : implacable.