Depuis plusieurs jours, le rappeur Médine, qui doit tenir un concert au Bataclan les 19 et 20 octobre prochains, est sous les feux des projecteurs. À l’origine de la polémique, une chanson, sortie en 2015, intitulée « Don’t Laïk », aux paroles problématiques, dont il faut souligner toute l’intensité et la richesse des paroles. Extrait :
« Crucifions ces laïcards comme à Golgotha ».
« Le polygame vaut bien mieux que les amis de Strauss-Kahn »
Après avoir provoqué un tollé sur la toile et déclenché une pétition contre lui, Médine a réagi dans un communiqué. Sans surprises, il nous sort l’imparable coup, celui de la victimisation, déjà employé par Black M lors de l’annulation de son concert à Verdun. Médine est donc une victime. Victime de l’ « extrême-droite », nous dit-il.
Encore un coup de cette fameuse « Fachosphère ». Une Fachosphère résolument extensible, puisqu’elle englobe « Le Figaro », « Le Point », « Marianne », « Le Printemps Républicain », la plupart des élus « LR », mais aussi plusieurs membres de la Macronie. Ce qui fait un sacré paquet de Bêtes immondes à réprimander…
Dieu merci, Libération, Rue89, Les Inrocks et Le Nouvel Obs, qui jouent leur rôle de Gardiens du Temple (selon l’idée que ces médias se font d’eux-mêmes), ont rapidement volé au secours du rappeur éploré, et réglé le sort de tous ceux qui osaient s’indigner de sa venue au Bataclan : ce sont tous des fachos, des nazis, des censeurs, des réacs, des racistes, des islamophobes, des scélérats ! Pour Libé et ses compagnons de route, il est inconcevable, à moins d’être demeuré ou à peine humain, de s’opposer au concert de ce rappeur, qui, affublé d’un t-shirt « Djihâd » floqué d’un sabre, compte chanter, sympathiquement, « crucifions les laïcards » au Bataclan. Au Bataclan, précisément. Ce n’est pas comme si près de 100 personnes y étaient tombées sous les balles de djihadistes il y a trois ans… Mais n’oublions pas : c’est Médine, la victime !
Pour relayer cet argument ultime de la « victime » qui tient lieu de viatique, attendons-nous à ce que le rappeur, qui adule Tariq Ramadan et soutient Dieudonné (deux personnes formidables, comme chacun sait), entame un long pèlerinage de plaintif dans « Quotidien », « Touche Pas À Mon Poste » et autres « C à Vous », qui lui ouvriront volontiers leurs portes sacrées pour l’entendre chouiner. Médine pourra y aller les yeux fermés. Jamais Yann Barthes, Cyril Hanouna ou Anne-Élisabeth Lemoine ne lui demanderont : « Médine, si le Djihâd est « Le plus grand combat contre soi-même », comme il est écrit sur votre t-shirt en couverture de votre album « Djihâd », pourquoi tenez-vous un sabre sur la pochette ? ».
Au contraire, les questions seront orientées dans l’autre sens, de sorte que le rappeur nous explique à quel point il est victime, à quel point il est censuré, à quel point il combat « toute forme de radicalisme ». Et c’est vrai que Médine combat le radicalisme. Du moins, en apparence (ce qui vaut gage de « bonne foi » pour les médias). Dans sa chanson intitulée « #Faisgafawta », il clame :
« Je crois que tu t’es pris les deux Nike Air dans le tapis de prière
Viens pas recruter dans mon quartier c’est pas ta pépinière ».
Les islamistes, avertis, en tremblent encore. Deuxième preuve imparable de sa lutte acharnée contre les fanas d’Allah : Medine a sorti une chanson intitulée « Bataclan », en hommage à l’attentat de 2015. C’est vous dire à quel point il ne saurait être soupçonné de faire double jeu !
Plus sérieusement, les chansons « #Faisgafatwa » et « Bataclan » sont remarquables. Derrière la posture de l’engagement, elles révèlent surtout toute l’intégration du rappeur au système capitaliste. Médine a compris les codes de l’époque. Après avoir sorti « Don’t Laïk » avant les attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan, le rappeur, très soucieux de son image et de ses intérêts financiers, a évalué le prix à payer pour l’effacement de cette « erreur » qui appelait à « crucifier les laïcards ». Il fallait donc réagir au plus vite. Opérer un « correctif » d’image. Se donner le beau rôle, ne pas se mettre les Français à dos au vu de l’actualité, et tirer une exploitation commerciale de l’attentat. En bref, mettre le holà sur l’islamisme et se faire passer pour un rappeur de banlieue « anti-Daech ». Histoire de ne pas se faire flinguer par les medias traditionnels et les critiques, qui sont des leviers de promotion pour les albums. Voilà tout le cynisme et le vice de Médine. Avancer masqué. Revêtir les valeurs du gentil musulman, tout la groupie de Tariq Ramadan. Medine, faux engagé, vrai salaud.
Le fait que ni Médine, ni ses soutiens, ne voient de mal à tenir un concert au Bataclan interroge sur leur morale. Accepter qu’un artiste proche des Frères Musulmans vocifère sa haine, ses exécrations de l’Occident et ses appels au meurtre, dans une salle marquée par un attentat, revient à pratiquer l’auto-flagellation. Ne pas comprendre l’indignation globale de la population devant cet événement en dit long sur la configuration mentale de ses compagnons de route (élus « France Insoumise », « Parti Communiste » et CCIF, pour ne citer qu’eux). Ces gens-là sont imperméables au blasphème.
Médine, comme ses soutiens, est un sujet inaccessible à la culpabilité. Inconscient et sans surmoi, il pourrait nous chanter « Seul le crime paie, aucun remords pour mes pêchés ». Nous lui répondrons : « Pas d’islamistes au Bataclan ! ».