Qu’il est loin, le temps où l’on assistait à des batailles idéologiques furieuses le samedi soir sur France 2. Depuis le départ de Zemmour et Naulleau, « On N’est Pas Couché » n’a jamais su se relever. Dernière recrue en demie teinte : Charles Consigny.
Sous ses airs de gentil garçon bien éduqué, Charles Consigny ressemble beaucoup aux télés évangélistes américains qui prêchent la vertu et la fidélité conjugale, mais que l’on retrouve invariablement dans les bordels. Souvent présenté comme réactionnaire, répressif dans sa morale, petit-bourgeois dans ses avis, le jeune homme est surtout le porte-parole d’une droite démodée et d’un système libéral tout aussi dépassé. Consigny incarne cette droite exaspérante, qui fait semblant de défendre les classes populaires sur les plateaux TV, tout en étant à la botte de l’agenda libéral. Une droite costume-baskets, qui dénonce la fermeture des petits commerces en centres villes, tout en souscrivant aux incessantes réformes territoriales qui les favorisent. Une droite incohérente, qui défend le local et les circuits courts, tout en étant acharné à vous vendre les bienfaits des marchés, de la mondialisation et de l’élargissement de l’Europe. Avec Charles Consigny, l’imposture fait figure d’accomplissement idéologique. Le chroniqueur n’a pas compris à quel point sa pensée était inconsistante et « vieux monde ».
Mais il y a pire : loin de briller dans le monde des idées, Charles Consigny est surtout réduit à la simple autosatisfaction que lui procure son exposition médiatique. Toujours content de lui-même et de ses interventions, le jeune homme s’adore. Seule la contemplation de lui-même dans les écrans TV inspire son parcours médiatique. Consigny l’apprendra à ses dépends : il n’y a rien de plus malsain qu’un individu obnubilé par lui-même. Ce nombrilisme apparaît, avec le recul, comme un trait caractéristique de notre civilisation. Charles est conforme à son époque.
Alors, que faut-il attendre de ce gamin ?
Enterrons d’emblée l’espoir d’assister à des débats TV vigoureux et pleins d’idées qui vous fouettent les neuronnes. Cet espoir s’éteint à mesure que les postes sont pris par des individus incultes et sans finesse d’esprit. Le temps des pointures intellectuelles est révolu. Fini l’époque des Moix, Zemmour, Naulleau et autres Taddei. Les hommes libres qui agitaient le monde des idées par des analyses raisonnées ont été priés de quitter l’agora du service public alors même que les téléspectateurs les plébiscitaient. Désormais, place aux sous-hommes, à la sous-culture, à la sous-analyse, à la restriction du champ de vision, à la pensée courte et à la réduction des têtes. Ne comptez pas sur Charles Consigny pour apporter un nouveau souffle à « ONPC ». À trop braquer son oreille sur ce qu’il dit, vous finiriez même par envier les morts !
Sur France 2 comme ailleurs, ne reste plus que le buzz, le narcissisme, l’esbroufe, les chichis et la méchanceté. Loin d’être puissant, rebelle et culotté, Charles Consigny est le lèche-bottes consensuel de l’audiovisuel (un de plus). Esclave à son insu – ou victime d’une soumission librement conssentie ? – il fournira exactement ce que Catherine Barma et Laurent Ruquier attendent de lui : apostropher vivement les invités, les critiquer sans ménagement, et déverser hypocritement ses opinions avec une forme de jubilation narquoise, dans l’espoir que la séquence soit relayée sur les réseaux sociaux. Mais le jeune homme n’est pas totalement idiot : sans doute est-il assez perspicace pour estimer qu’il faudra chouchouter certains invités bien aimés de l’opinion publique, tandis que le risque de s’attaquer à des artistes bobos ou à des politiques mal aimés est somme toute minime. Il ne fera qu’une bouchée d’Anne Hidalgo. Preuve de courage, d’audace ou de culot ? Aucun des trois. Le futur avocat est tout sauf un téméraire. Oserait-on dire qu’il est un sans-couilles ?
Une chose est sûre : avec ce zozo à côté d’Angot, Ruquier vient de commettre sa deuxième erreur de casting. Aucune chance de booster les audiences. Armons-nous de patiente : l’émission vit ses dernières années.
Haha, très amusant. Tout cela est tellement évident.
J’aimeJ’aime